Qu’est ce que l’Intelligence ?

“L’intelligence est l’ensemble des processus qui permettent de comprendre, d’apprendre ou de s’adapter à des situations nouvelles.” Wikipedia Donc avoir un cerveau intelligent signifie que l’on est capable de comprendre le monde, de s’y adapter et de réagir utilement aux situations rencontrées dans la vie. Quel que soit l’environnement, le problème, même en face d’événements, de stimuli nouveaux.

On parle souvent d’intelligence artificielle, d’IA qui excellent dans un domaine bien défini, une tâche précise comme par exemple jouer aux échecs, même au si difficile jeu de Go, analyser des images des poumons, etc.. Mais ces machines IA ne connaissent qu’UN SEUL domaine dont elles ont fait l’apprentissage, parfois longuement. Une IA du Jeu de Go n’a aucune “intelligence” de l’analyse des visages. Or le cerveau intelligent humain, souvent moins rapide ou aux résultats moins parfait , peut comprendre et réussir dans une infinité de domaines. Souvent nouveau pour lui.

Comment notre cerveau peut il être si intelligent ?

Quelques notions oubliées sur le cerveau humain ou animal

Je parle souvent d’images sensorielles, temporelles. C’est le coeur de ma thérapie. J’ai écrit dans l’article sur le langage de l’inconscient (voir ici ) que les processus inconscients “parlaient” en images visuelles, sonores, sensitives,..

Seulement il faut bien préciser : Le cerveau est dans le noir, dans le silence, n’a aucune sensorialité et on peut même l’opérer sans anesthésie. Nous avons du mal à saisir qu’il n’y a pas un Home Cinema dans notre crâne avec un chef suprême qui reçoit les images envoyées par les yeux, les oreilles, le corps,.. Ah ? Pas de vraies images, de vrais sons dans la tête ? Alors quoi ?

Les yeux captent des photons, les oreilles des variations de pression de l’air, nos capteurs sensoriels des pressions ou des températures. Ces stimuli sur nos sens créent des potentiels d’actions dans les nerfs. C’est à dire d’infimes variations électriques qui se propagent dans les faisceaux de fibres du nerf optique, de la moelle épinière, etc..Notez bien que les fibres du nerf optique ne sont pas des fibres optiques qui elles propagent des rayons lumineux, de vraies lumières. Non, le cerveau ne reçoit QUE des inputs électriques (et partiellement chimiques) et quels qu’en soient les origines.

Que ce soit venant des yeux ou des oreilles, le cerveau ne reçoit que des impulsions, des potentiels d’action. C’est le nom de ces signaux neuronaux. Aucune image, aucun son, aucune sensation, aucune température ou odeur, rien que des millions de potentiels d’actions identiques. Le cerveau ne connait rien du monde que ces myriades de minuscules signaux électriques et chimiques.

Et pourtant nos cerveaux connaissent et agissent dan le monde réel, comment est ce possible ?

Définition du mot “Pattern”

Ce mot “pattern” est très souvent employé en science et n’a pas un équivalent aussi précis, aussi riche en français : il désigne “un modèle, une structure, un motif, un type, etc”. On traduit aussi par “forme, figure, construction donnant une représentation simplifiée et fonctionnelle d’un objet, d’un mouvement, d’un processus.” Bref il n’y a pas de mot correct en français alors on utilisera pattern ! Pensez “association avec une forme”.

Donc nos signaux, nos potentiels d’action arrivant au cerveau par les fibres nerveuses sont des patterns parce qu’il y a en même temps des milliers de minuscules signaux. Pour l’oeil, les fibres nerveuses envoient en permanence quelques millions de signaux qui changent en permanence et qui traduisent les images en patterns. De même pour le son, le toucher, le goût, les odeurs, etc.. Tout ce que le cerveau perçoit du monde ce sont d’identiques patterns, des associations de formes de potentiel d’action. Aucun image, aucune son,.. Et ces patterns sont quel que soit le stimulus visuel, sonore,.. identiques.

Le cerveau reçoit ces myriades de patterns spatiaux et temporels. Une image perçue est traduite en un pattern qui est une forme spatiale, copie de l’image, c’est un pattern spatial. Un son est traduit en un pattern qui a une forme dans le temps, c’est un pattern temporel. Mais l’image bouge sans cesse alors le pattern visuel est aussi temporel. Le son se traduit aussi par un pattern spatial autant que temporel car le son bouge dans l’espace.

Le cerveau ne perçoit ni ne connait directement le monde ! Il ne connait que les patterns spatio-temporels qui sont acheminés par les fibres nerveuses. C’est une machine à patterns. Il ne sait pas si ces patterns viennent de la vue ou du toucher. Il sait leur donner une signification et une réponse.

Le cerveau intelligent

Je crois qu‘il est difficile de se représenter notre cerveau, masse biologique de neurones si densément connectés, apprenant, connaissant et réagissant au monde qu’à travers ces patterns électro-chimiques. Et pourtant c’est bien ainsi!

Ce que nous pensons être le monde n’est qu’une invention par le cerveau, sans cesse renouvelée, d’une réalité qui dans sa nature même nous échappe. Notre cerveau ne travaille qu’avec et sur des patterns neuronaux qui représentent des images sensorielles. Même les mots, les concepts les plus abstraits ne sont finalement que des étincelles électro-chimiques évanescentes. Des formes qui représentent des images, des sons, des sensations.

Le cerveau intelligent reconnait au cours de notre vie les patterns. Lorsque nous naissons nous ne comprenons rien au monde. Et puis sans cesse, ces patterns venant de tous les sens se renouvellent et des récurrences apparaissent. Le visage de la mère, les paroles et les sons, les odeurs se répètent et prennent du sens. C’est à dire qu’il y a des séquences qui apparaissent. Le monde est logique. Une cohérence apparait. Il y a certainement une pré-programmation innée à comprendre le monde, nous sommes un produit de millions d’années d’évolution. Mais chacun refait sa programmation de compréhension du monde en recevant ces patterns sensoriels.

Difficile de décrire en quelques mots se qui se comprend en des centaines de pages assez techniques. Essayons de préciser comment cela se fait. Autour du cerveau plus ancien, il y a le cortex.

Le cortex est l’intelligence

Le néocortex est apparu il y a quelques dizaines de millions d’années. Seuls les mammifères possèdent un néocortex. Celui des humains s’est considérablement étendu il y a 2 millions d’années. C’est très récent. Le cortex des hommes est épais de deux millimètres, constitué de 6 couches d’égale épaisseur de neurones. Grand comme un nappe de table. Le plus grand possible compte tenu de l’espace réduit dans la tête (il se replie et se plisse pour occuper le moins de place possible). La tête ne pouvant être plus grosse pour que nous puissions naître naturellement, sans césarienne.

Le cortex humain possède de l’ordre de 30 milliards de neurones, on en sait pas bien. Cent mille au mm2 ? 80 % sont des neurones pyramidaux avec chacun plusieurs milliers de synapses. Donc peut-être trente trillions de synapses. C’est un chiffre immense et cela suffit à conserver tout ce qui peut être appris en une vie. Le cortex c’est moi, c’est vous tout entier.

Avant le cortex il y avait des comportements innés, instinctifs, automatiques. Votre cortex lui va pouvoir apprendre votre monde personnel, avec beaucoup plus de détails et le garder en mémoire. Il va apprendre aussi des comportements bien plus variés, bien plus nombreux dans des réponses plus utiles, plus efficaces.

C’est cela le cerveau intelligent : Une immense capacité de traiter des signaux venant des sens. Une capacité de reconnaitre les patterns spatiaux temporels et de garder en mémoire des comportements précis utiles en réponse aux sollicitations du monde. C’est merveilleux et difficile à comprendre, uniquement à cause du nombre si incroyable de relations entre tant de trillions de petites cellules biologiques, nos neurones. Notre cortex si intelligent.

Quand on travaille en thérapie, on ne s’occupe que de toutes petites choses comme de modifier la réponse comportementale (inutile et peut-être nocive) à des patterns reconnus par le cortex. Si le cerveau est efficient, sain c’est facile et possible.