Prévoir le futur est certainement l’activité humaine la plus répandue. Lisez les journaux, Internet ou écoutez la TV. Partout un expert parle de ce qui devrait arriver. Ce n’est pas étonnant puisque survivre c’est prévoir.

Or nous avons vu dans les articles précédents que le cerveau humain était une machine à prévoir le futur, mieux que tous les autres animaux. Et de loin.

Bref résumé des points les plus importants des articles précédents

Dans l’article sur le “langage de l’inconscient” Nous avons écrit : Le cerveau pensait en images sensorielles. Nous avons précisé dans l’article “Le cerveau intelligent” que ces images n’étaient pas de vraies images projetées dans le cerveau mais des patterns de signaux entre neurones. Des étincelles électro-chimiques et cela quels que soient les sens ainsi traduits. L’intelligence étant la possibilité de détecter ces patterns et de les garder en mémoire.

Dans l’article “Qui décide, conscient ou inconscient” nous avons parlé de l’importance des émotions, gérées par les parties plus anciennes du cerveau. Elles servent à décider de ce qui est probablement bon ou peut-être mauvais pour nous. Il y a donc déjà avec les émotions une prévision du résultat. Rappelons que les émotions agissent au moins chez les mammifères donc sans ou très peu de cortex. Survivre débute dés qu’il y a eu Vie !

émotions

Les 4 émotions de base

Enfin dans l’article “Qui décide de nos comportements?” nous avons vu apparaitre la prévision par la mémorisation des patterns sensoriels et des patterns de comportements. Et bien sûr, leur utilisation.

Notez bien qu‘il n’y a pas eu de référence à un chef quelconque, un centre du cerveau qui déciderai de l’importance de quelque chose. Il y a hiérarchie certes mais que pour la compréhension plus ou moins globale de patterns plus ou moins étendus, complexes. Les décisions sont prises dans une sorte de vote entre parties inconscientes et parfois conscientes. La plupart du temps c’est le poids des émotions qui entrainent le résultat.

Comment fait le cerveau pour prévoir le futur immédiat

Imaginons une activité simple. Je rentre à la maison. La totalité des mes déplacements est connue de mon cerveau puisque je suis déjà rentré bien des fois. Je détecte l’environnement par mes sens qui le décrivent à mon cerveau par des patterns neuronaux (visuels, auditifs, olfactifs même,..). Si tout est comparable, identique à ce qui a déjà été enregistré, mémorisé, ma conscience n’est pas sollicitée. Peut-être des différences de lumières, de couleurs, des détails sont différents mais globalement, à un niveau supérieur, invariant, mon cerveau note une scène identique aux autres jours.

ouvrir

Dans ce cas et cela tout à fait inconsciemment, à chaque instant mon cerveau va PREVOIR la suite de ce que je devrais voir, entendre, ressentir. Simplement en reprenant les séquences de patterns stockés en mémoire. Et si ce qu’il a prévu arrive, est bien vu et ressenti, mon conscient n’est pas sollicité.

De même les comportements que j’avais eu d’autres jours seront rappelés automatiquement. Comment je saisi ma clef, par quelle main, quelle clé exactement et dans quelle position par rapport à la serrure, ..Je n’ai pas à y penser consciemment car tout est déjà mémorisé. Mon cerveau et mon corps travaillent en commun et font les gestes nécessaires. A chaque instant, il y a prévision du résultat de mes actions. Si la clé rentre bien dans la serrure et que la porte s’ouvre exactement comme prévu, l’ensemble des patterns sensoriels et comportementaux continuent inconsciemment.

Lorsque tout est connu, routine, le conscient peut être ailleurs

Consciemment je sais bien sûr que je rentre à la maison mais je peux peux penser à ce que j’ai fait aujourd’hui voire à ce que je vais faire, manger,.. C’est une autre prévision pour un futur légèrement plus lointain et qui est elle plus consciente. Nous allons détailler.

Ainsi, sans cesse et pour tout, notre cerveau trie et analyse tous les inputs sensoriels. Il les compare à ce qu’il connait déjà, détecte les séquences connues, prévoit la suite probable, vérifie ces prévisions, déclenche les séquences probablement efficaces qui doivent suivre, vérifie, etc..

Quand tout est presque connu, toutes ces routines de prévisions se déroulent automatiquement et libèrent le conscient, l’espace de travail conscient de notre cerveau pour d’autres tâches. Et c’est ainsi pour la plupart de nos activités, une fois qu’elles ont été apprises. Le conscient survole de loin ce qu’on fait réellement.

Mais qu’en est il si des éléments nouveaux apparaissent ? Si la clé n’ouvre plus la porte, si la sonnette ne marche plus, si..

Lorsque quelque chose change, le conscient est sollicité

Mais si subitement la prédiction ne marche plus, il y a une alerte. Je mets la clé et tourne sans y penser mais subitement la prévision ne marche plus, la clef ne tourne pas. Les patterns de sensations et de comportements ne sont plus ceux attendus.

Alors les nouveaux patterns sensoriels inattendus remontent plus haut pour trouver un autre pattern qui décrive mieux la nouvelle situation. Peut-être ai je mis la mauvaise clé ? J’ai déjà fait cette erreur, je connais, je corrige. Le “je” est peut-être même inconscient si “je” fais cette erreur souvent.

Si c’est un événement tout à fait nouveau, il va falloir réveiller le conscient. Il y a des patterns automatiques même dans ce cas. On sait les comportements nécessaires : arrêter ce qui ne marche pas, regarder plus attentivement, détecter où est la différence avec ce qui est prévu,.. ce sont des routines de comportements aussi. Mais à ce niveau, il y a des émotions qui apparaissent. Il y en avait avant mais juste paisibles, ça suit son cours, tout va bien. C’est l’Ataraxie grecque, l’absence de problème, de souffrance. Notez que c’était un idéal recherché par les philosophes anciens. Le bonheur même. Pour en savoir plus cliquez ici.

prévoir le futur

En face de cet événement qui me résiste, je peux sentir une peur et je me recule prudemment (que se passe t’il ? Est ce qu’il y a danger ?), ou je peux ressentir une colère et je force la clé (Et m.., qui a encore cassé ce truc ?), ou bien une tristesse, une dépression m’envahissent et je reste stoppé (Je ne vais pas pouvoir rentrer chez moi, Mon Dieu que vais je faire ?).

Trouver une solution, prévoir le futur

Mon cerveau inconscient cherche dans sa mémoire des patterns de comportements, qui ont réussi dans des cas comparables. C’est exactement comme s’il ouvrait le Mode d’Emploi quand la voiture ne marche plus et que vous cherchez le comportement qu’il faudrait avoir. Et cette recherche est colorée des émotions associées.

Certes le conscient va prendre en main cette alerte mais ne croyez pas qu’il sait quelque chose que vos processus inconscients ne connaissent pas. Il va juste aller chercher plus loin dans les routines comportementales connues quelque part dans votre cerveau. Les “trucs” évidents ne marchent pas, leurs prédictions sont fausses. Il faut remonter plus haut.

Imaginons que la serrure soit électronique, sans contact. Si vous n’avez pas d’expériences en électronique, votre conscient appliquera le comportement qui a déjà marché : “Appeler SOS Serrure”. Si vous avez des compétences par contre, votre conscient essayera d’autres comportements qui ont donné autrefois des résultats. Bref, il y a une demande qui remonte la hiérarchie des comportements mémorisés jusqu’à trouver une solution.

De même avec vos réactions émotionnelles. Si vous êtes souvent avec le comportement “peur et fuite” ce sont ces routines qui vont apparaitre même dans le conscient. Et de même avec les émotions “colère et attaque” ou “dépression et passivité”.

TOUT comportement est un pattern connu, essayé en pensant que par prévision ça va marcher.

Prévoir le futur quand tout est nouveau

Tout d’abord, presque toujours, il y a des patterns connus. A part à la naissance et même à ce moment il y a probablement des comportements et patterns sensoriels innés, déjà programmés. Téter par exemple.

Même dans un pays, un environnement culturel tout à fait différent, il y a souvent quelques empreintes sensorielles qui peuvent être proches de celles connues. Le cerveau va faire avec, le temps d’en apprendre plus sur ce qu’il perçoit et ce qui est bien comme réaction.

En tous cas, si ce n’est pas trop loin de ce qu’il connait et qu’il a le temps d’apprendre. Ce qui n’est pas évident parfois. Des naufragés en terres polaires n’ont jamais eu le temps de s’adapter là où des peuples autochtones savaient survivre. Sauf si ceux ci les ont aidé. Il y avait trop à apprendre, trop vite. Le monde a partout les mêmes structures mais si les détails sont trop différents, la survie n’est possible qu’avec des connaissances accumulées depuis parfois des générations.

Perdu dans la jungle

Dans un milieu comme la jungle ou la banquise, la plus grande intelligence disons occidentale, le plus grand savant, est incapable parce que aucune empreinte sensorielle ne lui ait connu, aucun comportement appris auparavant ne lui est disponible. Et vive versa, un néandertalien serait probablement perdu dans un métro parisien, dans un bureau devant les ordinateurs.

Nous pouvons aisément survivre dans notre environnement, dans un monde que nous cerveau a appris.  Mais nous ne pouvons plus prévoir le futur si les données sensorielles et les comportements appris sont trop différents. Nous ne sommes intelligents que dans un domaine précis.

Comment imaginer, prévoir un futur tout à fait différent

La question : Peut on se prévoir un futur tout à fait différent ?

Exemple : Je ne suis pas heureux dans ma vie. Dans mon environnement et finalement dans ce que je connais. Est ce que je peux changer et même prévoir mon futur, tout à fait différent ?

Votre cerveau invente le monde avec ce qu’il a perçu, par tous les sens. Y compris les images artificielles, (TV, cinéma,.), les concepts abstraits (lectures). Simplement ces empreintes sensorielles non vécues (en quelque sorte de seconde main) sont incomplètes. Lisez un livre ou regardez un documentaire sur la survie dans le Nord Canada. Allez y ! Quelqu’un l’a fait et en est mort, rapidement.

La seule démarche possible consiste à apprendre doucement les bons patterns, les bons comportements dans un autre domaine. Cela peut prendre des milliers d’heures. On dit “10 000 heures” pour devenir expert d’un domaine. En fait pour que le cerveau en connaisse suffisamment de patterns et les comportements adéquats.

Que ce soit pour jouer du piano ou être physicien nucléaire ou aborigène en Australie. Un matelot anglais autrefois, abandonné là bas était devenu au fil des temps un assez bon survivant avec eux. Un indigène dans la jungle sait survivre et on peut apprendre avec lui, il faut des années d’apprentissage. C’est possible. Mais pas seul parce qu’il y a trop à apprendre.

Réussir seul à prévoir le futur, son propre futur

A part les cas de force majeure comme d’être abandonné en terrain inconnu et donc secouru localement, comment peut on changer totalement dans la même société ?

Par exemple être né dans un milieu très inculte et devenir un savant. Etre pauvre et devenir riche. Etre seul et devenir aimé. A priori cela suppose une complète re-programmation de ses cerveaux. On sait bien que ces cas sont très rares parce que c’est très difficile.

Pour y arriver il faut s’être “mis dans la tête” un but, littéralement ! En pratique avoir ou consciemment faire grandir dans son esprit conscient d’abord puis inconscient une image positive du but.  On appele cela Obstination mais il y a à la source de l’obstination une très forte image du futur dans la tête.

prévoir le futur

Tous ceux qui ont réussi ces très difficiles sauts et changements sociaux ont toujours imaginé très fortement leur réussite future. A force d’imagination, les empreintes sensorielles du futur sont devenues quasi réelles pour le cerveau. Tous travaux, tous efforts se sont liés à la réussite. Ce n’est plus la volonté qui les a poussé car celle-ci s’épuise vite en face de comportements inconscients opposés. Cela ne peut être que les images, les patterns inconscients qui peuvent permettre d’apprendre en tant qu’adulte ce qui est nécessaire pour être intelligent dans un tout autre domaine.

On peut prévoir son futur, très différent si on le désire. Mais seulement en re-programmant tout son cerveau. C’est possible !