Cet article continue l’article sur les émotions voir ici. et nous allons reprendre plus en détail la genèse des émotions. Comment se crée une phobie ? Pourquoi sont elles plus puissantes que la raison consciente ?  Peut on les gérer, les diminuer lorsqu’elles prennent trop de place ?

Nous examinerons ce qu’est une phobie, comment elle se crée et comment elle s’enlève ? Plus facilement que vous ne le croyez d’ailleurs.

Le mécanisme des émotions

Le neuro-scientifique qui a remis l’étude des émotions au plus haut niveau est A. Damasio. Les émotions sont des états du corps pour agir en face d’un stimulus sensoriel. Voici un schéma un peu plus scientifique pour décrire ce qui nous semble un état mental et qui est un état physique du corps tout entier.

 

Emotions selon A. Damasio

 

Deux points de la plus grande importance à bien comprendre

A. D’abord il y a toujours eu une empreinte sensorielle au départ : vue, son, toucher, odorat ou goût. Ce peut être tous les sens en même temps ou un seul. Mais ce qui déclenche une émotion c’est toujours quelque chose du monde extérieur qui induit une réaction du corps. Au début en tous cas car ensuite la simple remémoration de ce stimulus sensoriel recrée l’émotion.

Si je reprend l’exemple de ma petite gazelle presque attrapée par le crocodile, ce sera la vue, l’odeur, la sensation de l’eau, son goût même. C’est cela qui extrêmement rapidement s’associera à une émotion de peur, de fuite. Et tout élément ensuite, même un seul élément sensoriel de cette empreinte sensorielle mémorisée re-déclenchera l’émotion de peur. AVANT même qu’il y ait un crocodile, parfois même SANS ce crocodile. Plutôt réagir trop que pas assez quand la vie en dépend. Ceci est très important pour la phobie qui est une réaction trop forte et devenue inutile.

Phobie

Déclenchement de la peur, de la fuite

B. Il y a un changement de l’état du corps pour réagir avec une action qui ne peut que choisir 4 solutions : Apprécier, Peur et fuite, Colère et agression, Dépression et immobilité. Reprenons sur l’article précédent le tableau des possibilités (voir ici l’article sur les émotions).

A la base il n’y a que 4 mouvements possibles :

  • Aimer ce qu’on voit, entend, ressent et sent est OK, on va vers et c’est la Joie !
  • NE PAS aimer pas du tout parce que c’est dangereux et on se prépare à s’enfuir, c’est la peur
  • NE PAS aimer pas du tout parce que c’est mauvais mais on ne peut pas fuir, on préfère attaquer, c’est la colère
  • NE PAS aimer pas du tout parce que c’est terriblement dangereux et fort, on ne peut ni fuir, ni attaquer, on se fige, c’est la tristesse, la paralysie.

Une phobie

J’ai bien souvent reçu des personnes très handicapées par une phobie. Par exemple la peur de parler en public, de passer sur des ponts sur autoroutes, peur de prendre sa voiture pour aller travailler, peur même des oiseaux. Il n’y a pas d’actions qui ne puisse devenir impossible. Parce qu’une peur trop forte, sans pouvoir la contrôler par la raison consciente, vient vous paralyser à la simple vue, écoute, voire imagination de quelque chose.

Une phobie c’est une peur totale de quelque chose, ce n’est pas contrôlable. Ne dites pas à une personne qui ne sait plus sortir de chez elle, qu’elle pourrait bien se forcer un peu. Ne dites pas, si elle ne peut plus prendre le métro avec ses tunnels ou l’avion, qu’elle n’a qu’à fermer les yeux, se tenir en main, se contrôler. C’est une peur qui paralyse et qui fait craindre le pire.

Phobie des foules

Peur de la foule, des espaces ouverts

J’ai eu des épisodes de telle claustrophobie, peur des tunnels, peur d’être bloqué en voiture sur des embouteillages. Je sais ce qu’on souffre et la part immense que ça prend dans la tête pour ne pas se retrouver en face de ces situations. On passe son temps à trouver des parades et c’est très handicapant.

Et je sais aussi que ça recouvre des événements parfois lointains, parfois oubliés. Cela peut être en effet des événements comme une naissance difficile (ne pas pouvoir sortir) ou dans mon cas avoir été langé trop serré à la mode ancienne, les jambes serrées et droites. Impossible de dormir dans un sac de couchage étroit, ce n’est pas une phobie trop grave ! Mais si on me force, je peux vous dire que la panique est forte.

Phobie des espaces fermés

Déconseillé aux claustrophobes

Et bien sûr, j’ai su “guérir” de mes phobies réellement handicapantes. Comme mes clients qui ont pu repartir au travail, au lycée, rouler sur autoroute, ne plus avoir peur des coups de feu, etc..

Il faut ajouter aussi que bien des phobies sont liées à de vraies peurs ancestrales. Il y a eu des millions d’années pendant lesquelles les humains avaient bien raison d’avoir peur des araignées, des serpents, du noir, d’être enfermés, etc.. Il nous en reste forcément quelque chose, quelques câblages de neurones qui ne demandent qu’à être actualisés. Je suis persuadé que nous avons tous des peurs phobiques, plus ou moins handicapantes. On vit avec ou il faut les diminuer. Et c’est possible.

Guérir une phobie

Maintenant que vous savez comment une phobie se met en place, vous pouvez deviner comment l’enlever ? Non ? Pourtant c’est simple.

Il y a une empreinte sensorielle (et pas une idée, pas un concept) qui donne l’ordre au corps, pour sa survie, de prendre la fuite. C’est cet ordre, ce programme mental qu’il faut démonter, défaire.

Nous allons dire à ce processus qu’il n’est pas nécessaire. Pas le dire avec des mots intelligents mais avec des mots images qui désensibilisent la réaction. Pour ce faire je vais vous remettre au contact de cette empreinte sensorielle tout en vous maintenant en sécurité. Il y a différentes manières de le faire en hypnose ou en EMDR. De toute façon, c’est le même processus.

Votre esprit va ré-associer à cette empreinte sensorielle à la sécurité, le calme, la détente. Car votre esprit sait créer la réaction de peur sur l’image initiale et instantanément, Rappelez vous la petite gazelle. Il sait bien sûr faire l’inverse et tout aussi vite ! Il suffit de le mettre en condition d’apprendre le calme au lieu de la peur.

calme

Grand espace

Cela semble trop beau ? Non, votre esprit sait apprendre une émotion ou une autre, inverse. En réponse à la même empreinte sensorielle.